Maudite soit la covid-19. A cause du vilain virus, tous les indicateurs économiques qui commençaient à devenir jaunes tendent à virer au rouge. Parfois clair, parfois foncé. Tel est le grand enseignement qui se dégage de l’étude, commanditée par l’ONG 3d sur financement de Oxfam, relativement aux impacts de la covid sur les finances publiques.
Selon l’étude réalisée par le professeur agrégé de droit public, Abdoul Aziz Kébé, deux tendances majeures se dégagent. La première est que les finances publiques sont tendues. La deuxième est que l’Etat tente, malgré quelques difficultés, d’amorcer la relance de l’économie.
Sur le premier élément, renseigne le spécialiste des finances publiques, il faut se référer à la tenue des indicateurs. « Prenons par exemple le déficit public, analyse-t-il. Il est de 743 milliards Fcfa. Avant la pandémie, il tournait autour de 400 milliards. Tous les efforts qui ont été faits de 2012 à 2019 sont ainsi anéantis. C’est parce que l’Etat a pris l’engagement de supporter le financement de la résilience ».
Même constat si l’on prend l’indicateur pression fiscale. Selon l’expert, la pression fiscale est à un niveau très faible au Sénégal. « Avec les mesures de restriction qui ont été prises, il y a moins de consommation. Or, l’essentiel de nos ressources fiscales repose sur la consommation ».
Par ailleurs, l’autre élément qui montre que les finances publiques sont tendues, c’est le ratio dette/PIB, qui frôle dangereusement la limite de 70% prévue par les critères de convergence de l’Uemoa, du fait des incidences de la pandémie.
Pour faire face à ces difficultés, l’Etat du Sénégal s’efforce à mettre en œuvre un plan de relance, mais non sans difficulté. « D’abord, explique Monsieur Kébé, les dépenses sociales sont faibles, au moment où l’on note une forte précarité sociale ». Ensuite a-t-il relevé : « pour financer les dépenses, il faut des ressources. Et la Direction générale des impôts et domaines (DGID) considère qu’il y a peu de contribuables sur le plan fiscal ».